– Mb : Ce qui me frappe dans vos peintures, c’est la liberté de création que vous vous accordez, sans prédétermination
– HJ : L’art n’est pas séparé de la vie. Il s’en nourrit. Cette liberté intérieure que je recherche constamment, loin d’être innée, je m’efforce avant tout de la cultiver au quotidien. Le travail en est le reflet. Dans la peinture, il y a une moment où tout se joue, où il faut tout donner sans aucun doute, et c’est dans ce lâcher prise, très loin du hasard, que la peinture apparaît. Il s’agit cependant d’un travail de persévérance : c’est, il me semble, l’accumulation des efforts et du temps qui permettent d’apprendre à négocier ces moments et d’arriver petit à petit à une expression authentique.
– Mb : que souhaitez vous transmettre au travers de votre travail?
– HJ : Récemment j’ai trouvé dans l’ouvrage d’Emmanuel Anati, un paléontologue spécialiste de l’art rupestre (5), une notion qui m’intéresse et m’intrigue particulièrement : celle des « psychogrammes ». Voici comment Emmanuel Anati décrit ces expressions graphiques des origines : « Les psychogrammes ne sont ni des représentations d’objets, ni des symboles. Ce sont de violentes décharges d’énergie, des expressions de sentiments, de désirs et d’autres sensations. Ils fonctionnent tantôt comme des diffuseurs d’énergie, tantôt comme de grands points d’exclamation. Alors que les idéogrammes sont répétitifs, les psychogrammes sont presque toujours uniques, même si l’on en trouve de très semblables dans des continents différents. »
(5) Emmanuel Anati, Aux origines de l’Art, 5000 ans d’Histoire
préhistorique et tribal, collection Temps des sciences, Editions Fayard 2003